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Le Hangar Y accueille les “ateliers extraordinaires” de Monet, Van Gogh et Gaudi

Du 1er novembre 2024 au 16 février 2025, Monet, Van Gogh et Gaudi installent leurs ateliers dans le Hangar Y, à Meudon, dans les Hauts-de-Seine. Trois expériences immersives proposées au public pour plonger dans le processus créatif de ces artistes majeurs des XIXème et XXème siècles.

Jeune institution d’à peine deux années, le Hangar Y invite trois figures emblématiques de la création artistique pour sa saison automnale. Une audace confirmée quand on sait que le public sera plongé dans des expériences immersives pour aller à la rencontre des grands maîtres, à travers trois propositions en réalité virtuelle notamment programmées avec succès l’an dernier aux musées d’Orsay et de l’Orangerie – ou pour GAUDI récompensé dans de nombreux festivals et présenté depuis dans le réseau Illucity.

Lucid Realities (en collaboration avec Tournez s’il vous plaît pour Monsieur Vincent) et Gedeon Experiences montrent leurs œuvres dans un endroit chargé d’une longue histoire. C’est à l’occasion de l’exposition universelle de 1878 que fut construit le Hangar pour servir de Galerie des Machines. Démonté puis remonté, il traverse le périphérique et s’installe à Meudon dans un parc du Domaine National. Moment fort de l’histoire de l’aéronautique, La France, premier ballon dirigeable trouvera, en ce bâtiment hors-normes, son écrin. Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2000, c’est, notamment, grâce à l’énergie de Frédéric Jousset, multi-entrepreneur, que ce lieu trouvera sa nouvelle vocation sociétale et culturelle. Après une préfiguration en 2022, c’est en mars 2023, que les portes de ce vaste espace s’ouvrent. Son crédo, démocratiser la culture.

La XR, conviction ou expérience pour le Hangar Y ?

Au cours d’un entretien avec Martin Bourguignat, directeur des publics, et Aurélie Baron, directrice des projets artistiques du Hangar Y, nous avons échangé sur cette question.

Le projet de Frédéric Jousset pour le Hangar Y est ambitieux. Cet espace a vocation à être “un lieu culturel et événementiel, polyvalent et ambitieux qui accueillera une riche programmation pluridisciplinaire, participative et inclusive”. Le président de l’institution souhaite démocratiser l’accès à la culture et à l’art, confirme Aurélie Baron, “nous cherchons à faire des propositions pour des publics qui n’iraient pas, nécessairement, les voir dans des institutions culturelles classiques”.

La culture numérique a eu, depuis le départ de cette aventure, une place importante dans la réflexion programmatique, assure Aurélie Baron. Pour preuve, c’est par une expérience en réalité mixte et interactive que le Hangar raconte son épopée (production RealCast). En septembre dernier, durant les journées européennes du patrimoine, Zoé Vayssières est venue présenter son œuvre “Portrait en 100 mots du Hangar”. Dans son laboratoire de Harvard, l’artiste a entamé un dialogue avec une intelligence artificielle pour dresser le portrait du lieu. Celui qui revenait le plus souvent ? Innovation.

Si la XR n’est pas récente, elle investit de plus en plus les espaces publics.

Depuis quelques mois, Martin Bourguignat a lancé une étude des publics. Cette enquête lui permettra d’en savoir plus sur ses publics et leurs attentes. S’achevant en fin d’année, ce sera aussi l’occasion d’analyser la manière dont ont été reçues ces propositions de voyages immersifs. Parmi les informations attendues, celle de savoir si l’expérience XR a attiré de nouveaux visiteurs.

“Nous n’avons pas de collection” précise Martin Bourguignat, “il nous faut donc avoir une programmation exigeante”. Et de poursuivre “chaque projet proposé doit être qualitatif, être un moteur suffisant pour faire venir et satisfaire le public”. Voilà la promesse du Hangar Y.

Le travail de curation est, par conséquent, essentiel. Les choix d’œuvres, numériques ou non, doivent être guidés par cet objectif rappelé par Martin Bourguignat : “venir au Hangar c’est vivre quelque chose de magique”. L’acculturation sur les contenus en réalité virtuelle passe par de tels événements, en proposant des expériences en free roaming, interactive ou linéaire, collective ou standalone, et peuvent accélérer la démocratisation de ces nouvelles propositions culturelles au sein d’institutions identifiées.

La filière XR est “un univers à part entière et spécifique”, ajoute le directeur des publics. Il faut savoir où chercher, saisir toutes les nuances techniques et les enjeux spécifiques pour l’accueil du public, insiste-t-il. “Nous avons déjà un parc de 90 casques Pico pour l’Épopée du Hangar Y, nous en prélèverons 30 que nous injecterons sur les ateliers extraordinaires.” Les autres casques seront loués pour l’occasion. Parmi les facteurs qui ont séduit l’équipe du Hangar : la dimension projets clé en main, le sens que cela avait pour le lieu et la compatibilité avec l’espace.

Selon Martin Bourguignat, se lancer accompagné de professionnels avec qui échanger sur tout sujet a été facilitateur dans cette démarche. Le choix de convier de grands maîtres connus du grand public, pour cette première occasion, représente aussi un pari relativement maîtrisé pour la toute jeune galerie.

Une scénographie pensée et une médiation facilitante pour des œuvres existantes.

Aurélie Baron l’affirme, au Hangar Y, on pense parcours visiteurs. Des œuvres sont exposées de manière réfléchie dans le parc, qui peut aussi accueillir des événements comme l’exposition numérique immersive Recharger/Unwind l’an dernier, en collaboration avec les canadiens d’Oasis Immersion. La déambulation conduit vers le bâtiment. Comment s’intègreront alors les ateliers extraordinaires dans cet univers atypique ? “Nous traitons ces œuvres numériques comme une exposition classique”. Le public retrouvera tous les codes auxquels il est habitué. Un titre chapeau a d’ailleurs été pensé pour encapsuler des créations différentes. Aurélie Baron promet des textes introductifs pour que le public, moins averti, soit à l’aise avec l’expérience. Des vidéos making-of des œuvres seront aussi diffusées. Chacun doit comprendre ce qu’il va vivre et réaliser que c’est un immense travail derrière cette traversée d’une vingtaine de minutes. Une médiation sera proposée pour ne laisser aucun visiteur dans l’embarras.

Les ateliers extraordinaires sont donc une réponse à l’objectif de visite pédagogique et ludique, que le Hangar Y veut offrir à son public. C’est aussi une ouverture sur des programmations en lien avec de grands lieux culturels comme les musées d’Orsay et de l’Orangerie, pour rapprocher certaines œuvres d’un public moins informé de ces opportunités de découvertes culturelles et numériques.

Une politique tarifaire cohérente

De cela aussi il a pu être discuté avec les producteurs et les distributeurs. Le Hangar Y a développé une politique tarifaire en adéquation avec sa volonté de démocratisation pour toutes les audiences, y compris ceux n’ayant pas l’habitude d’aller à la rencontre de propositions culturelles qui ne voyagent pas ou peu en dehors des grandes métropoles. Il a aussi un public déjà acquis habitué à profiter de propositions dans un cadre budgétaire établi. Le public actuel étant majoritairement familial, le prix du ticket d’entrée a été une question dans l’équilibre à la fois économique et philosophique du lieu.

Une réponse : le billet pour L’Épopée du Hangar est à 13 euros, pour 1 euro de plus, le public vit une immersion magique (Gaudi ou Monet/Van Gogh). Bien sûr, pour être attractif, un billet combiné à 25 euros permet de s’immerger dans le chemin créatif de ces trois artistes.

Y aura-t-il un après « ateliers extraordinaires » pour la XR au Hangar Y ?

En chœur, Aurélie Baron et Martin Bourguignat l’affirment, l’automne sera une saison récurrente dédiée aux arts numériques. La XR aura donc sa place aux côtés d’autres modes d’expression créative.

Faire du Hangar Y, un lieu régulier de diffusion des œuvres XR, voilà un projet.

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Informations pratiques 

“Les ateliers extraordinaires” de Monet, Van Gogh et Gaudi

Du 1er novembre 2024 au 16 février 2025
Au Hangar Y – 9, avenue de Trivaux 92190 Meudon
Horaires d’ouverture : 13:00 à 19:00 le week-end durant l’année et toute la semaine pendant les vacances scolaires
Enfants à partir de 8 ans
Tarifs : 14€ le billet en tarif plein (Gaudi ou Monet/Van Gogh) ou 25€ en combiné  (Gaudi + Monet/Van Gogh)

Claude Monet – L’obsession des nymphéas

Une expérience VR de Nicolas Thépot.
Coproduction : Lucid Realities, ARTE France, Camera lucida productions, Musées d’Orsay et de l’Orangerie, Gebrueder Beetz Filmproduktion
Distribution : Unframed Collection.

À travers un dialogue entre le peintre et son grand ami, l’homme d’État Georges Clémenceau, l’expérience en réalité virtuelle emmène le spectateur dans un voyage à travers les saisons au cœur du jardin de Giverny et ses célèbres nymphéas. Cette exploration poétique du travail de Monet transforme l’atelier de l’artiste en un tourbillon de couleurs.

Monsieur Vincent

Une expérience VR de Agnès Molia et Gordon.
Coproduction : Lucid Realities, TSVP, Musée d’Orsay, VIVE Arts
Distribution : Unframed Collection.

Dans la maison du docteur Gachet à Auvers-sur-Oise, le spectateur est guidé par la voix de sa fille Marguerite, l’une des dernières femmes dont Van Gogh a peint le portrait. L’expérience explore les chefs-d’œuvre de Van Gogh sous l’angle de la couleur, à travers un voyage virtuel dans la palette du peintre, amenant à mieux comprendre la technique d’empâtement propre à l’artiste.

GAUDÍ, l’Atelier du Divin

Une expérience VR de Stéphane Landowski et Gaël Cabouat.
Coproduction : GEDEON Experiences – Small Creative – NHK, en partenariat avec la Fondation Junta Constructora Del Temple Expiatoire de la Sagrada Familia.

GAUDÍ, l’Atelier du Divin est une expérience VR narrative, collective et déambulatoire, primée dans de nombreux festivals internationaux. Les visiteurs sont invités à un voyage immersif et onirique au cœur de l’atelier disparu du maître catalan, reproduit pour la première fois au plus proche de la réalité historique. Dans le rôle des disciples de Gaudí, les spectateurs découvrent la personnalité hors du commun de l’architecte, ses méthodes de travail révolutionnaires, son univers foisonnant, ses inspirations et explorent l’œuvre de sa vie : la Sagrada Familia.

Categories: Étude de marché
Catherine Ertzscheid Alléhaut:
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