Unframed Collection est partenaire des Numix Lab, un événement itinérant en Europe qui emmène chaque année des professionnels et experts de la création immersive à la rencontre des lieux de culture des pays hôtes. En 2024, c’est l’Allemagne qui accueillait +250 personnes, avec une intense semaine d’échanges et de découvertes entre Munich, Leipzig et Berlin ! A cette occasion, rencontre avec Dominic Desjardins, réalisateur, producteur et cofondateur avec Rayne Zukerman de la société de productions québécoise Zazie Films.
Zazie Films, producteurs de contenus immersifs
Dominic Desjardins – Avec ma conjointe qui est productrice, nous avons fondé Zazie Films. Nous faisons des œuvres linéaires, des films, de la télévision, des documentaires, mais aussi des œuvres interactives, et immersives. Nous terminons actuellement une œuvre en réalité virtuelle, et la prochaine sera en réalité mixte. Nous opérons sur de nombreux projets avec deux entitées, une consacrée aux effets spéciaux qui pousse beaucoup la recherche et le développement (en nous apportant beaucoup d’idées), et l’autre pour la production.
D. D. – Nous travaillons en ce moment sur un projet qui s’appelle Dollhouse (La maison de Poupée), une coproduction entre le Canada et le Luxembourg avec Wild Fang Films et ZEILT productions pour l’animation. C’est une fiction immersive basée sur le réel, avec une part documentaire issue de nos recherches sur la situation des employés domestiques.
D. D. – C’est un projet qui parle de ceux qui travaillent comme employés de maison, de la relation avec la famille, des abus qui y. sont souvent associés et identifiés à travers le monde. Ce sont des situations de fragilité sur lesquelles on voulait mettre la lumière. Il y a une grosse recherche qui avait été faite par ma co-scénariste et réalisatrice du projet, Charlotte Bruneau, qui vient du Luxembourg et qui travaille pour Reuters.
D. D. – A partir de ces constats, Dollhouse s’est construit à travers les yeux de l’enfant de famille. Elle revit les situations du quotidien à travers une maison de poupée en papier pour mieux comprendre les situations auxquelles elle a été confrontée. C’est un projet avec un vrai impact, pour mieux sensibiliser les gens à ces situations.
Produire des projets à impact
D. D. – Initialement je travaillais au département documentaire de l’ONF (Office National du Film) quand la réalité virtuelle est revenue sur le devant de la scène. Je dirigeais le Studio de la francophonie canadienne, et nous avons pu utiliser ces nouveaux outils pour raconter nos histoires. Le potentiel de la VR était évident. Cela offrait la possibilité de se mettre dans les chaussures de l’autre. C’est un outil d’empathie. C’est toujours resté pour moi une espèce de Graal à atteindre quand on utilise l’immersif. Comment est-ce qu’on se rapproche du sujet ? Comment peut-on développer une nouvelle forme de sensibilité avec ces nouveaux outils technologiques ?
D. D. – Mon expérience du documentaire m’aide à appréhender un projet immersif comme un terrain où créer cette nouvelle forme d’empathie, d’aller chercher quelque chose qui n’existe pas sur d’autres médiums, le fait de pouvoir éclairer quelque chose d’humain quand le sujet est pertinent.
D. D. – Et pour la fiction, en immersif, ça revient au même. Comment aider les spectateurs à élargir leur vision du monde, à créer un impact émotif ? Ces projets XR doivent être ancrés dans une réalité pour interpeller le public – et qu’il puisse ressortir avec la sensation d’être (un peu) sorti de sa zone de confort pour aller s’interroger sur l’expérience vue.
Venir au Numix Lab 2024
D. D. – Le Numix Lab, c’est d’abord une occasion incroyable de rencontrer des gens qui viennent de partout, qui font le même métier que nous. Ou des distributeurs, des lieux qui s’intéressent aux mêmes outils que nous. Dans le numérique, c’est un rendez-vous incontournable et chaque année nous y découvrons de nouvelles personnes.
D. D. – Comme c’est en même temps organisé autour des lieux, on fait une tournée, on s’ouvre à ce qui se fait à travers le monde, par exemple ici en Allemagne. On se rend compte qu’il y a des similitudes, qu’on recherche la même chose – il y a aussi des choses complètement nouvelles qui vont nous inspirer ou nous motiver à imaginer des collaborations, des coproductions. Peut-être y aura t-il de nouveaux projets. Nous avançons tous dans le même sens.