Le dernier Numix Lab (entre Bruxelles et Amsterdam, du 4 au 8 décembre 2023) était l’occasion de s’interroger sur les pratiques autour de l’art numérique et des lieux les accueillant. Une immersion de 5 jours très active où Unframed Collection a pu poser sa caméra et interroger ceux qui connectent la création XR avec le grand public.
Huitième rencontre : Jeanne Dompierre, directrice générale de Xn Québec, l’association des producteurs et productrices d’expériences numériques du Québec.
Quelles sont vos principales missions ?
Jeanne Dompierre – Nos membres réalisent des créations variées dans le domaine des industries culturelles et créatives. Cela inclut des œuvres d’art numérique, de l’applicatif, des installations muséales, ainsi que des projets en réalité augmentée, virtuelle et mixte. Certains développent également des formats plus linéaires tels que des balados ou des web-séries originales. En tant qu’association, notre objectif est de répondre aux besoins de nos membres, qu’il s’agisse de représentation, de promotion ou de mise en réseau. Nous participons aussi à des événements comme le Numix Lab, qui visent à favoriser les rencontres et les échanges.
Selon vous, existe-il une formule pour optimiser le rayonnement international d’une œuvre XR ?
Jeanne Dompierre – Notre réseau de membres est extrêmement diversifié, tout comme leurs modèles d’affaires. Cela génère parfois des inégalités : certaines œuvres rayonnent à l’international, tandis que d’autres peinent à trouver leur public. C’est un phénomène commun dans le secteur culturel. Chaque projet possède des caractéristiques uniques – le médium, le récit, le format, la longueur ou encore la technologie nécessaire pour le visionner. La notoriété du studio ou des créateurs joue également un rôle. Tous ces éléments se combinent pour former une sorte de grille de critères. Parfois, une œuvre peu connue parvient à toucher profondément les spectateurs grâce à un récit particulièrement marquant. En somme, il n’existe pas un facteur unique qui garantisse le succès, mais plutôt une convergence d’éléments qui déterminent si un projet peut ou non rayonner.
Et le rôle des lieux de culture dans tout ça ?
Jeanne Dompierre – Le gouvernement du Québec a récemment lancé une initiative pour intégrer la créativité numérique dans des espaces variés, au-delà des lieux de diffusion spécialisés. L’objectif est de démocratiser l’accès à la culture numérique sur l’ensemble du territoire, notamment en collaborant avec des lieux culturels situés dans des municipalités plus petites ou avec des espaces qui ne sont pas nécessairement culturels. Cette démarche vise à polliniser la culture numérique partout sur le territoire.
Jeanne Dompierre – À mes yeux, cette initiative est emblématique de l’avenir : un décloisonnement des lieux de diffusion. Nous verrons des espaces hyper-spécialisés évoluer encore davantage, explorant des technologies immersives intégrant le toucher ou l’odorat, par exemple. Ces innovations transformeront les expériences des spectateurs, les plongeant dans des univers étonnants.
Jeanne Dompierre – Parallèlement, nous assisterons à la démocratisation des outils technologiques. À l’image de CANVA pour le design graphique, nous aurons des solutions accessibles permettant de faire de réalité augmentée. Ces outils ouvriront de nouvelles possibilités aux organisations, même celles disposant de moyens limités. Ce sera fascinant à observer.
