Unframed Collection est partenaire des Numix Lab, un événement itinérant en Europe qui emmène chaque année des professionnels et experts de la création immersive à la rencontre des lieux de culture des pays hôtes. En 2024, c’est l’Allemagne qui accueillait +250 personnes, avec une intense semaine d’échanges et de découvertes entre Munich, Leipzig et Berlin ! A cette occasion, rencontre avec Myriam Achard, Chef Partenariats Nouveaux Médias & PR du Centre PHI, lieu emblématique de la diffusion numérique et immersive à Montréal.
La programmation du Centre PHI va de l’art numérique à des expériences sonores, et bien sûr immersives (en réalité virtuelle, mixte…). Son champ d’action s’étend aujourd’hui majoritairement à l’ensemble du Canada et des Etats-Unis avec plusieurs expositions large scale en réalité virtuelle itinérantes sur les deux pays. Retour sur un nom souvent cité en exemple, et qui ouvrira dans quelques années un nouveau lieu de plusieurs milliers de mètres carrés à Montréal.
Retour sur la programmation du Centre Phi
Le premier projet qui a vu le jour en 2007, c’est l’ouverture d’une fondation pour l’art contemporain. Nous y présentons des expositions de grands noms qui viennent du milieu de l’art contemporain. On peut penser à Yoko Ono, Sophie Calle, Christian Marclay , Ryoji Ikeda, Jenny Olsen, Yayoi Kusama… Depuis 17 ans, c’est l’axe central du PHI de Montréal, et toutes les activités de la Fondation sont gratuites : accès aux expositions, aux projections de films (qui peuvent être en lien avec une expo), etc.
En 2012, nous avons ouvert le centre PHI dans le Vieux-Montréal, qui est notre deuxième institution et qui est un lieu dédié à la présentation d’expositions, d’expériences qui sont à l’intersection entre arts et technologies. En général, nous faisons 2 à 3 expositions majeures par année, qui vont d’expériences de réalité virtuelle ou augmentée, à la réalité mixte, à l’immersion sonore, à la projection.
Nous sommes vraiment dans l’exploration de différents types de médiums, mais pour nous le médium est là pour soutenir le storytelling. C’est vraiment ça qui est au cœur de nos préoccupations. En parallèle, voici 5 ans nous avons ouvert un studio (le studio PHI) qui est notre entité de production d’œuvres. La première expérience sortie du studio est une coproduction avec Félix & Paul Studios, pionnier dans le milieu de la VR, et basé à Montréal aussi, où on amène le public en réalité virtuelle sur la Station Spatiale Internationale : “The Infinite” (“L’infini”). Nous avons aussi lancé des cycles de résidences en musique, en art contemporain ou pour l’immersif.
Et puis, last but not least, en 2028 nous ouvrirons un nouveau lieu qui s’appellera PHI Contemporain, qui nous permettra en fait d’amener sous un même toit ce qu’on fait en ce moment dans deux institutions différentes, et de ne plus avoir à dire “ça, c’est de l’art contemporain, ça c’est la tech”. Nous y parlerons de tout cela en un seul endroit. En fait, depuis 17 ans nous suivons ce que les artistes ont envie de dire. On voit vraiment qu’il y a de grands artistes qui s’intéressent de plus en plus à la VR, à la réalité augmentée ou réalité mixte. Dans ce mouvement d’hybridation des pratiques, c’est dans ce nouveau lieu que nous pourrons accueillir tous les formats, y compris ce qui est dédié, comme je le disais, à la présentation d’œuvres immersives, interactives, VR, AR, MR, etc.
Par exemple, la réalité virtuelle (VR) est présente chez PHI depuis maintenant plus de dix ans. Il y a eu des expositions emblématiques qui ont marqué notre intérêt pour le médium, souvent en avance. J’ai notamment envie de parler de “The Enemy”, une expérience qui a été marquante non seulement pour nous, mais pour notre public. C’est une œuvre qui résonne encore aujourd’hui et qui résonnera, je l’espère, dans divers lieux.
Sur notre programmation, nous avons aussi présenté le travail d’Adrien M. et Claire B (un duo d’artistes français qui font notamment beaucoup d’oeuvres à base de projection, mais aussi de la VR, des œuvres de réalité augmentée) ou plus récemment “Noire” de Tania de Montaigne et Novaya. Une œuvre d’un studio français qui nous raconte une histoire oubliée, en réalité augmentée. Enfin, nous présentions en 2024 “In Pursuit of Repetitive Beats” est enfin une œuvre de réalité virtuelle d’un studio britannique, East City Films. Nous travaillons autour d’expositions d’artistes québécois ou internationaux, toujours dans l’idée de soutenir les nouvelles formes de narration
Distribuez des expériences immersives : L’Horizon de Khéops à Montréal
Depuis un an et demi, nous louons un espace qui est situé à une dizaine de minutes du centre PHI dans le port de Montréal. C’est un lieu qui est situé vraiment à côté du centre des sciences, au bord du fleuve, extrêmement passant que tous les touristes qui sont de passage à Montréal visitent. Nous y avons précédemment présenté L’Infini pendant plus de six mois. Depuis février 2024, nous y opèrons L’Horizon de Khéops du studio français Excurio (ex-Emissive) et c’est un succès phénoménal. En novembre 2024, nous avions déjà vendu plus de 200 000 billets pour cette expédition immersive VR, ce qui est quand même assez phénoménal.
Cette aventure avec Excurio nous a poussé à ouvrir une nouvelle branche de distribution pour le moment sur l’Amérique du Nord, et nous verrons où ça nous amène plus tard. Mais l’idée est de consacrer de nouveaux moyens à la distribution d’œuvres LBE large scale au Canada et aux États-Unis. Nous sommes déjà en discussion avec d’autres studios pour présenter d’autres projets.
L’Infini : un succès public avec +500 000 entrées
L’Infini a été lancé en première mondiale à Montréal en 2021. Alors que la pandémie de la Covid-19 courait toujours, et en quatre mois, nous avons quand même réussi à l’époque à accueillir 70 000 visiteurs. Vu le contexte, c’est plutôt pas mal ! Et Montréal, qui n’est pas Paris, Londres ou New York, reste une ville de taille moyenne. Ensuite, nous sommes partis en tournée aux États-Unis : Houston, Seattle, San Francisco, d’autres villes… et puis nous sommes revenus à Montréal et ajouter 100 000 spectateurs au niveau local. Nous terminons l’année au-delà de 500 000 visiteurs ayant vu “L’Infini” depuis son lancement en 2021.
Le marché fait que nous repartons sur des lieux déjà visités comme Houston, tout en développant de nouvelles opportunités en Asie avec Shanghai ou Singapour. Nous avons un peu de mal à percer en Europe, mais je pense que 2025 sera l’année où on pourra y présenter “L’Infini” si tout va bien.
Quel avenir pour la XR grand public ?
Je suis assez optimiste quant à l’avenir de tous ces formats immersifs. Je vois qu’il y a de plus en plus de lieux qui s’intéressent à la présentation du type d’œuvres qui sont produits dans notre écosystème. De plus en plus de musées notamment, et ça me réjouit. Parce que les musées ont pu être parfois réfractaires à ces nouveaux objets, avec beaucoup de technologies, notamment celles qui venaient d’arriver et parfois ne parvenaient pas à convaincre totalement. Mais ça arrive. Et puis, il y a de plus en plus d’artistes établis qui adoptent les technologies dans leur processus créatif. Cela accélère beaucoup l’adoption de ces technologies.
Et tous ces lieux nouveaux, tant en Amérique du Nord qu’en Europe ou en Asie, si on pouvait un peu se regrouper et créer un network, ce serait aussi une grande avancée. Je parle, je rêve de ce réseau depuis des années ! Mais je rêve surtout d’un réseau international qui pourrait nous faciliter notre travail, faciliter le travail des studios qui parfois ne savent pas nécessairement à qui s’adresser ou saisir les opportunités. Je crois qu’on y arrivera.
Le rôle du Numix Lab pour les professionnels
En tant que présidente du conseil d’administration de XN Québec, Je suis un peu biaisée sur la question. Le Numix Lab est évidemment un événement important, rassembleur, qui permet à des gens de cette communauté, de cette industrie, de se retrouver pendant quelques jours, de découvrir aussi des territoires peut-être où on est moins présents. Ce n’est pas un festival, donc il n’y a pas nécessairement une expo, mais ça permet justement de passer du temps ensemble, d’écouter des panels.
C’est un événement qui, en peu de temps, est vraiment devenu incontournable. Le fait de s’ouvrir aussi, car c’était d’abord la francophonie, est important. Les Pays-Bas l’an dernier (avec la Belgique), l’Allemagne…
