Du 4 avril au 24 août 2025, le Musée d’Art Moderne de Paris propose une plongée sensorielle dans l’univers coloré et vibrant d’Henri Matisse avec l’expérience de réalité virtuelle « Danse Danse Danse – Matisse » coproduite par Lucid Realities et TSVP.
Cette immersion poétique, à la croisée des arts visuels, de la musique et de la danse, fait écho aux collections permanentes du musée qui comprennent les fresques murales La Danse inachevée et La Danse de Paris (visibles au 3ᵉ niveau du MAM), deux jalons essentiels du processus ayant mené à La Danse de Merion, œuvre monumentale ornant aujourd’hui les alcôves de la Fondation Barnes à Philadelphie.
Cette expérience s’inscrit aussi dans le cadre de l’exposition temporaire « Matisse et Marguerite – Le regard d’un père » présentée au Musée d’Art Moderne de Paris. Le thème de la danse comme la figure de Marguerite – fille et modèle récurrent du peintre – traversent l’œuvre de Matisse et permettent d’en explorer à la fois la richesse et la singularité : qu’il s’agisse de sa capacité saisissante à figurer le mouvement ou à rendre sensible l’émotion d’un lien filial.
Genèse du projet
Contexte de production favorable démarche personnelle des réalisateur.rice.s
Si la transversalité des thèmes de la danse et de la figure de Marguerite s’impose avec tant de pertinence, c’est que ce projet s’inscrit dans un contexte particulièrement propice : celui du 70ᵉ anniversaire de la mort d’Henri Matisse, commémoré en 2024 à travers une série d’événements et d’expositions, dont celle organisée par le Musée d’Art Moderne de Paris. Au sein de cette constellation d’hommages et de rétrospectives, la réalité virtuelle se distingue néanmoins, comme le soulignent les productrices Christie Molia (TSVP) et Chloé Jarry (Lucid Realities) :
L’envie d’une expérience VR, offrant au public un autre rapport à l’œuvre de Matisse, plus intime et sensoriel, nous est alors apparue naturellement.
Chloé Jarry et Christie Molia
Dans cette perspective, le projet « Danse Danse Danse – Matisse » s’est imposé comme une évidence :
Il prend pour fil rouge un thème qui traverse toute l’œuvre du maître, celui de la danse, en s’articulant autour d’un motif central de son expression artistique : La Danse de Merion, et ses deux étapes préparatoires : La Danse de Paris et La Danse inachevée.
Chloé Jarry et Christie Molia
Démarche personnelle des réalisateur.rice.s
Mais au-delà de ce contexte favorable, c’est aussi une démarche personnelle et sensible qui porte cette création, initiée par les deux réalisateur.rice.s, Agnès Molia et Gordon. En témoigne ce souvenir partagé par Agnès Molia :
La Blouse roumaine a bouleversé la vie de mon père. Épinglée au mur d’une sacristie, un prêtre atypique lui a expliqué, alors qu’il n’était qu’un enfant, pourquoi c’était beau — et un monde s’est ouvert : il est devenu peintre, sculpteur, architecte. À ce même âge, je me destinais à la danse, et Matisse nous a réunis, dans et par le mouvement. Mais au-delà de la couleur, du cadre, de l’équilibre : comment interpréter La Danse de Paris, que nous allions souvent contempler au Musée d’Art Moderne ?
Agnès Molia
Une création collective, fidèle et plurielle
Avec « Danse Danse Danse – Matisse », Agnès Molia et Gordon signent leur troisième co-réalisation immersive, après « Champollion, l’Égyptien » (coproduction TSVP, Lucid Realities, le musée du Louvre et le Louvre-Lens) et « La Palette Van Gogh » (coproduction TSVP, Lucid Realities, musée d’Orsay et VIVE Arts). À l’instar de cette dernière, les réalisateur.rice.s font ici preuve d’un profond respect pour l’œuvre de l’artiste : aucune des créations de Matisse n’est modifiée ni altérée.
Cette exigence de fidélité repose sur une approche scientifique rigoureuse, nourrie par une collaboration étroite avec le musée d’Art Moderne de Paris et la commissaire de l’exposition Charlotte Barat, la Fondation Barnes et les ayants droit de l’artiste.
En travaillant main dans la main avec la commissaire Charlotte Barat, nous avons garanti une démarche quasi scientifique, rigoureuse. Toutes les citations utilisées dans cette expérience sont authentiques, tirées des textes et entretiens de Matisse lui-même. Cette attention à l’authenticité est aussi le fruit d’une collaboration étroite avec Georges Matisse, garant de l’héritage de l’artiste.
Chloé Jarry et Christie Molia
La richesse de ce projet réside aussi dans la pluralité des médiums convoqués : arts visuels (peinture, fusain, sculpture, papiers découpés), architecture, écriture, musique et danse se croisent pour composer une œuvre immersive totale. La Danse y est redécouverte sous un jour nouveau : chaque coup de pinceau, chaque geste du dessin prend vie, animé par la chorégraphie de Sarah Silverblatt-Buser et rythmé par la musique envoûtante du duo The Blaze.
Cette pluralité se reflète dans la direction artistique articulée autour de trois textures distinctes — la gouache, le fusain et le papier découpé — en écho au processus créatif et aux étapes techniques ayant mené aux différentes versions de La Danse de Matisse. Le papier découpé occupe une place centrale. Introduit dès la première scène avec une immense paire de ciseaux découpant la baie de New York, il joue aussi bien le rôle de décor, d’outil de changement d’échelle, que d’aboutissement formel qui fait jaillir le mouvement, non plus du volume, mais de l’aplat. Ce choix artistique porté par les productrices permet ainsi de rendre visible le tâtonnement de Matisse dans la genèse de La Danse de Merion :
Mais pour obtenir quelque chose qui vit, qui chante, j’ai dû chercher par tâtonnements. En créant ces papiers découpés et colorés, je ne savais pas que j’allais au-devant de ce qui s’annonçait pour moi. Bientôt, je trouverai l’équilibre parfait en réalisant ces papiers découpés, en dessinant avec des ciseaux.
Henri Matisse
Une expérience VR pour « vivre davantage avec Matisse »
« Danse Danse Danse – Matisse » offre un regard inédit sur les tableaux de l’artiste, en proposant au spectateur une expérience sensorielle nouvelle — celle du mouvement vital et de la connexion humaine rendus tangibles par la chorégraphie de Sarah Silverblatt-Buser. L’introduction du corps en mouvement dans La Danse de Paris et La Danse de Merion convoque à la fois une réminiscence des Ballets russes, de la farandole du Moulin de la Galette et l’ambition d’approcher l’intimité de l’œuvre, guidée par la confession de Matisse lui-même : « La danse, c’est la vie : les mouvements expressifs, les rythmiques, la musique… Je vis davantage dans la danse. »
Pour rendre cette vitalité palpable, il fallait dépasser les limites de la bidimensionnalité, comme le soulignent les deux coréalisateur·rice·s :
Pour “vivre davantage” avec Matisse, nous avons, Gordon et moi, choisi de remettre les corps dansants au cœur de la création, de sortir de la deuxième dimension pour aller chercher le volume, le souffle de la danse — ce que seule la tridimensionnalité de la VR peut offrir.
AGNÈS MOLIA ET GORDON
Le spectateur est ainsi invité à entrer dans le processus créatif du peintre, à se confronter aux couleurs, aux textures, aux gestes, aux formes et aux matières, dans un univers de papier plié et découpé. L’alternance des ambiances visuelles — tantôt lumineuses, tantôt plus sombres — reflète la tension entre introspection et élan créateur, entre doute et génie. Cette réinterprétation contemporaine d’un chef-d’œuvre de la peinture moderne permet ainsi, selon les mots des productrices, « d’inviter le public à devenir acteur de l’œuvre, à ressentir la texture, la couleur et l’énergie de l’art dans son corps et dans son esprit. »
INFORMATIONS PRATIQUES
Du 4 avril au 24 août 2025
Du mardi au dimanche
10h – 17h15 (20h45 le jeudi)
Tarif unique : 7€
Musée d’Art Moderne, Hall
11 avenue du Président Wilson, 75116 PariS